Jean-Michel -:- Rétablir la Vérité Historique (Sitaram, suite): A LIRE -:- (2002-12-07 09:28)

Posted by: Jean-Michel ®
12/07/2002, 09:28:02
Message:

Voici la traduction d’une conversation que j’ai eue par email avec Sitaram / Rampuri, il y a quelques mois (Juin 2002). L’original de ce texte (en anglais) avait été mis sur le forum anglophone.

J’ai omis quelques paragraphes qui se rapportent à des sujets personnels, sans rapport avec le sujet principal de cette conversation.

Je trouve la version de Sitaram particulièrement intéressante, de par l’implication de son auteur aux tout débuts de l’histoire de M dans les pays occidentaux.

++++++ 1er email +++++++

Bonjour Jean-Michel!

Je faisais quelques recherches à propos d’un livre que je suis en train d’écrire, et je suis tombé sur l’échange d’emails que nous avons eu il y a quelques années (Une Perspective Indienne sur l’Enseignement de Maharaji), et les commentaires qu’il y a eu sur le Forum à ce propos.

Bien joué !

Je ne souhaitais pas que tout ceci soit divulgué à cette époque, mais en définitive, je suis content que tu l’aies fait. J’aurais aimé participer au forum sur ce sujet. Je trouve que les échanges qu’il y a eu sur ce sujet ont été assez limités par rapport à ce dont il était question. L’affaire M n’est sûrement pas unique, et il y a beaucoup de connaissance (excuse le mot s’il te plaît) à acquérir en comprenant la manière de creuser ce phénomène pour le dégager, et sa situation dans un cadre plus général.

……..

Oui, les rumeurs qui ont couru sur ma mort sont des exagérations grossières. Mais je suis curieux, et j’ai pratiqué l’urine kalpa dans le cours de ma sadhana de yoga, au début des années 70, lorsque j’étais avec Gangotri Baba à Kumaun. A ce propos, aussi grossière qu’elle puisse paraître, cette pratique m’a apporté de grands bénéfices, bien que je reconnaisse ne pas l’avoir pratiquée depuis cette date !

Il faut rétablir la vérité historique: Richard Friedricks fut le premier premie américain, il venait de West Virginie, et fut initié à Londres. Je ne me souviens pas de l’avoir rencontré, il n’était pas impliqué lorsque je l’ai été.

C’est Alan Watts QUI A ETE le premier à mettre de l’argent dans cette histoire. Burt Kleiner, qui m’avait au départ présenté à Alan pendant les années 60, était derrière ce don. C’est lui que j’ai été voir en premier lorsque je suis arrivé aux USA. C’était un vieil ami de ma famille, et il avait amassé une fortune considérable en travaillant dans le marché équitable, et il était un partenaire de la société Kleiner Bell. Il donnait toujours de l’argent pour les bonnes causes, Free Clinic, Diggers, etc., pendant les années 60, je pensais donc qu’il était l’homme de la situation. Etant donné qu’il était AUSSI la source des fonds de la Alan Watts Foundation, il m’a mis de l’argent dans la poche pour les dépenses, et m’a envoyé voir Alan à Sausalito sur son house-boat, et a demandé à Alan de me donner tout ce dont j’avais besoin. Nous avons passé des moments fantastiques, je te raconterai plus tard certaines de ces histoires, il adorait mes histoires sur l’Inde et l’Enfant Dieu, et m’a donné 10.000 dollars pour commencer. Il ne s’est jamais impliqué plus que ça. C’était un homme brillant, un des plus brillants que j’ai jamais rencontrés, et très drôle. Il avait ce sens de l’humour piquant très britannique.

J’ai loué une petite maison près du Hollywood Bowl de Los Angeles, et j’ai rassemblé un ‘groupe’ de 20-30 personnes pour psalmodier et méditer, les repas indiens et le satsang, en général deux fois par semaine. Lundi et Vendredi. Shiva et Shakti. J’ai distribué des tracts au Bodhi Tree Bookstore, sans jamais utiliser le nom de Divine Light Mission, qui me semblait avoir trop de connotations de mission chrétienne ou d’Armée du Salut. En fait, je changeais de nom pour chaque tract, Shiva Sangha, Temple of Divine Eye, Durga Puja, Shiva Puja, Temple of Goddess, the Akhara.

J’ai envoyé de l’argent pour payer le billet d’avion de M, selon les instructions de sa mère. Joan Apter est arrivée à LA quelques jours avant M. Elle prit en charge le téléphone et le secrétariat, ce dont j’avais horreur. Je voulais juste être un baba en Inde.

S’il y a eu d’autres personnes pour donner satsang au début, qui était-ce ? Il n’y avait que deux ou trois personnes qui avaient une quelconque expérience, et qui avaient été en Inde. Gary Girard, dont l’implication a augmenté après mon départ, et Joan. Charananand parlait, M parlait, et je parlais. Le ‘cercle rapproché’ était constitué par nous trois. Et j’ai initié des centaines de personnes.

Ne te méprends pas sur mon propos. Je ne suis pas particulièrement fier de mon implication. Si mon ego devait enfler, ça ne sera jamais à cause de la DLM. Pendant les années qui suivirent mon départ, j’ai regretté d’avoir amené autant de personnes dans cette histoire, et j’ai essayé d’expier ce que je considérais comme un ‘péché’. J’ai même fait une incursion à Prem Nagar (probablement en 1972) où j’ai donné un satsang impétueux qui a fait fuir pratiquement tous les étrangers.

Ce que Bob Mishler et ses amis ont fait au ‘mouvement’ était impardonnable. Ils en ont retiré l’esprit de liberté, de célébration de la vie, et la conscience; ils ont jeté les fleurs et les cheveux longs, pour en faire une secte, une religion radicale inspirée du christianisme, pratiquement tout ce que les personnes que j’avais attirées au mouvement rejetaient.

Lorsque Bob a convaincu Charananand de convaincre M de déménager de Boulder à Denver, parce qu’il y avait plus de personnes là-bas, des personnes normales, pas des freaks comme il y en avait à Boulder … ça a été le début de la fin, la fin de la magie. La plupart des personnes conscientes et éveillées partirent. La religion qui avait été formée s’est cristallisée, et honnêtement, ça n’était pas ce qui me motivait à l’époque, ni ce qui intéressait les personnes fantastiques qui avaient été attirées à LA, San Francisco et à Boulder. J’ai continué, mais parce que M réussissait à me convaincre. Je venais tout juste d’avoir 21 ans !

…….

Rampuri (Sitaram)

+++++++ 2ème email ++++++

Jean-Michel,

Merci pour ta réponse.

Tu as vraiment raison à propos de Bob. M était trop jeune à l’époque. Il avait été un enfant très privilégié, qui n’en faisait qu’à sa tête, comme beaucoup d’enfants gâtés n’importe où, il pouvait avoir tous les jouets qu’ils voulait. Et comme en Inde, où les enfants privilégiés de cette époque et d’aujourd’hui sont entourés de serviteurs, dont ils abusent, M avait tous ces disciples déjantés pour jouer. Et jouer avec des étrangers, ça c’est le jackpot !

Charananand était un opportuniste, un type de basse caste qui avait trouvé un bon coup. C’était l’homme de maman (Mataji, ndt), au moins jusqu’à ce que M soit assez grand et riche pour qu’il puisse quitter le giron de Mataji en toute sécurité. Au départ, il représentait les intérêts de Mataji pendant le premier voyage de M.

Je n’avais jamais prévu de rester aux USA, je ne voulais pas bâtir une organisation, j’étais plutôt anarchiste. J’avais confiance dans les gens incroyables qui semblaient se rassembler spontanément comme je l’avais vu pendant les années 60. Je voulais accomplir ce que j’avais imaginé être mon ‘devoir’, mon ‘dharma’, et retourner en Inde. Vivre dans une grotte me convenait tout à fait. Je me souciais peu d’un Lear Jet ou d’une voiture de sport (peut-être que j’aurais dû !!). Je voyais en M une sorte de patron de ce que j’avais à l’époque imaginé comme l’avant-garde de la nouvelle conscience occidentale, largement inspirée de l’expérience psychédélique. A part Alan Watts, j’étais en relation avec l’entourage de (Timothy, ndt) Leary, un certain nombre de personnalités en vue de sixties Haight Street, les gens de Millbrook, ceux de Brotherhood of Eternal Love, etc. Alan m’avait aussi envoyé d’autres personnes. Agé de 21 ans, j’étais soufflé par certaines des personnes qui arrivaient. Et lorsque les fonds donnés par Alan Watts furent épuisés, il en est arrivé de partout, pas vraiment de partout, mais de quelques contributaires qui étaient vraiment intéressés par l’expansion de la conscience. Il y a des personnes que je ne nommerai pas, parce que ça serait probablement une infamie pour eux d’être associés à quoi que ce soit de psychédélique. Il faudrait ajouter qu’il y avait beaucoup de choses psychédéliques, et les personnes qui étaient venues au départ voyaient plus notre ordre émergeant selon le modèle d’une Eglise des Natifs d’Amérique (Native American Church) avec des sacrements au peyotl, que comme quelque chose de radical à la façon chrétienne pour attirer les masses.

Bob n’était pas psychédélique. Mais il était très brillant. Il voyait la gloire et la fortune, il considérait tout ça comme une continuation de la mythologie chrétienne. Convertir les masses. Les personnes qui sont aux premiers stades de l’éveil ne veulent pas convertir les masses ! Ca ne me semble pas possible. La conversion est une affaire politique, ça fait partie de la société de consommation que tant d’entre nous rejetions; il n’y a rien de spirituel en cela, alors que l’exploration de sa propre conscience est une affaire spirituelle. Il n’est pas nécessaire d’être spécialiste de mécanique quantique, ou neurochirurgien pour le comprendre.

Sais-tu qu’une fois je lui ai jeté une machine à écrire à la figure ! Je m’étais complètement emporté. C’était juste avant le grand satsang au Mackey (Auditorium, ndt), à Boulder. Je lui avais donné un innocent poème de Kabir Das, et j’y avais ajouté quelques commentaires innocents. Il m’avait renvoyé je ne sais quelle histoire sur le sat gourou qui était le seul à pouvoir nous SAUVER, et ceci ne va pas te sauver, et cela ne va pas te sauver, seulement en allant vers le vrai sat gourou. Il n’y a qu’un seul chemin. Je suis la lumière, etc. Je l’ai raté parce qu’il s’est écarté, et la machine s’est écrasée sur le mur. Je lui ai fait imprimer de nouveaux tracts. Son grand coup, ça a été d’exclure toutes les personnes qui avaient contribué au mouvement jusqu’à cette date. Les maisons, l’argent, l’énergie, les soins médicaux, les voitures, les avions, tout. Je me souviens de toutes ces personnes pour qui j’avais le plus grand respect; elles sont venues me voir lorsque Bob a réussi à nous envoyer ‘essayer’ Denver. Après avoir été exclues, elles m’ont demandé ce qu’elles devaient faire, si elles devaient partir. Et je leur ai dit que oui.

Avec ma fierté, mon ego et ma folie juvénile, je croyais que Mouni Baba m’avait chargé de cette tâche cosmique de montrer véritablement la lumière à M ! Pas la lumière divine, ça c’est le travail des gourous, mais la lumière, venant de personnes merveilleuses, qui semblait brûler spontanément par la nouvelle pensée et la nouvelle conscience - miroir du mysticisme indien.

En définitive, la manière dont vous vous tournez vers le monde, si c'est votre souhait, c'est par exemple par amour et par inclusion. Ah - folie juvénile ! C'est un tel luxe.

Mishler a fait ce qui était intelligent. Fermer les écoutilles, remettre chaque chose à sa place, et faire du garçon un 'vrai' satgourou. Se débarrasser des trucs indiens, et donner du bon vieux christianisme remodelé pour une nouvelle ère. Eh, Martin Luther King était parti avec !

Il me semble que tu fais du très bon travail. C'est une telle tragédie de voir que tant de gens bien intentionnés, sérieux et aimants, ont été détournés d'une voie qui aurait pu porter d'autres fruits. Il existe de vrais enseignements. Le petit avertissement que j'ai pris à cette époque, c'est à dire la tromperie et l'hypocrisie, m'a suffi pour toujours, et m'a encouragé à trouver ce que je suis vraiment.

Toutes mes amitiés,

Rampuri

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